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Appel à contribution : colloque interdisciplinaire et international « Les îles à venir »
17 et 18 et 19 octobre 2019
Brest, Ouessant, Molène et Sein
Le colloque scientifique international se déroulera à Brest dans les locaux du Quartz les 17 et 18 octobre et sera ouvert au public. Le samedi 19, des excursions thématiques seront organisées sur les îles d’Ouessant, de Molène et de Sein.
Ce colloque interdisciplinaire s’adresse aux chercheurs (géographes, sociologues, économistes, écologues, environnementalistes, anthropologues, chercheurs en études littéraires et artistiques, notamment cinématographiques et audiovisuelles) et aux acteurs, dont les travaux et l’expérience professionnelle sont en lien avec la connaissance des sociétés et des communautés îliennes, des économies et des environnements maritimes et insulaires. L’histoire et la culture, indispensables pour comprendre la situation contemporaine, seront utilement mobilisées pour encourager des réflexions, dans tous les bassins maritimes du monde, sur le futur des petites îles, dans une perspective à la fois diachronique et prospective.
L’organisation du colloque est envisagée autour de cinq thématiques majeures qui constitueront le socle des séances de travail :
Certaines îles ont connu pendant longtemps des périodes de déclin et de marginalisation sociale et politique. Aujourd’hui, en France et dans le monde, plusieurs enregistrent une reprise démographique relative, expression d’un changement de regard des sociétés et d’une nouvelle forme d’attractivité territoriale. Cette nouvelle donne se traduit par le renouvellement de leurs modèles de développement qu’il s’agira de mettre en lumière dans des contextes insulaires distincts.
Longtemps, la pêche et l’agriculture constituèrent les piliers des économies insulaires. Les deux sont aujourd’hui largement remaniées, que ce soit dans les modes d’exploitation, les pratiques et les débouchés. Parallèlement, le tourisme, en recréant des conditions plus attractives, notamment à travers le développement des résidences secondaires, a profondément changé le fonctionnement de ces espaces, redonnant vie, emplois et retombées économiques, tout en introduisant de nouvelles problématiques liées à la saisonnalité et à la maîtrise foncière. Certaines îles se positionnent également sur des segments économiques spécifiques, jouant de systèmes dérogatoires pour développer toute une panoplie d’activités offshoreà la limite de la légalité.
L’accent sera particulièrement porté dans cette session sur des recherches mettant en évidence les nouvelles perspectives qui se dessinent dans les îles et en font des terres de projets et d’innovation : émergence du néo-entrepreneuriat, télétravail, transition énergétique, mobilité et foisonnement d’initiatives locales dans le cadre de l’économie sociale et solidaire. L’île, en tant que lieu d’innovation, notamment dans le cadre du développement durable en prise avec l’expérience de l’autonomie énergétique développée notamment sur de nombreuses îles européennes ou associant de nouveaux modèles de gouvernance sera une thématique également questionnée. L’ensemble de ces initiatives témoigne de l’émergence de nouveaux modèles de développement alternatif qui inscrivent probablement les îles dans certaines formes de renouveau qu’il conviendra de saisir et d’analyser.
Habiter les petits espaces insulaires renvoie à des expériences multiples, extrêmement variables selon les îliens, leur trajectoire de vie, leur profil socio-économique, leur âge, etc. Les îles sont en effet des lieux du changement et du renouvellement : une partie de la population vieillit, certains habitants s’en vont vers d’autres horizons, tandis que de nouveaux arrivants s’installent pour vivre et travailler. Ces mobilités participent au renouvellement des sociétés insulaires, de leurs pratiques et modes de vie, de leur regard sur l’île et sur le monde. Loin des stéréotypes sur la vie rêvée des îles, il s’agira ici de mettre en évidence non pas l’expérience, mais LES expériences de vie dans une île, en insistant tout particulièrement sur ce qui en fait le quotidien : l’habitat, les mobilités, les télécommunications, les pratiques sociales et associatives, la gestion des écoles et la prise en charge des personnes dépendantes, les enjeux des transports, de la gestion des déchets, de l’approvisionnement alimentaire et énergétique, etc. Il conviendra de s’interroger sur les caractéristiques actuelles du « vivre ensemble » dans les petites îles qui ont connu des changements dans la composition et l’origine de leurs populations.
La question environnementale revêt aujourd’hui une acuité toute particulière dans la manière de gérer et d’habiter les petits espaces insulaires marqués par les problématiques du réchauffement climatique, de la limitation des ressources naturelles, de la vulnérabilité de certains écosystèmes terrestres ou marins et de formes originales de résilience. Nombre d’espaces insulaires sont aujourd’hui protégés par des structures de protection dont il sera intéressant de souligner les enjeux de gestion dans des contextes où les conflits d’intérêts s’expriment avec une certaine force. Le rapport des îliens à l’environnement sera également questionné dans un contexte où les formes de normes informelles de liens, d’usage et de gestion transmises par l’oralité et la pratique se confrontent ou s’articulent à l’ajustement ou à la production de textes réglementaires. La valorisation des petits espaces insulaires passe dans une large mesure par la reconnaissance d’une qualité de vie fondée sur l’existence d’un environnement insulaire préservé. On s’interrogera sur la place de l’environnement dans le projet de vie des îliens,que ce soit en termes de cadre de vie, de pratiques écologiques, d’activités de loisirs de pleine nature ou de consommation de produits locaux par exemple.
La mise en réseau des îles n’est pas un phénomène nouveau comme en attestent notamment les nombreux travaux sur les sociétés archipélagiques du Pacifique. Pour autant, de nouvelles formes de réticularité émergent aujourd’hui, touchant autant les îles ultra périphériques et lointaines que les îles côtières. Les exemples de coopération politique et économique inter-îles sont de plus en plus nombreux, réunissant des territoires se trouvant face à des problématiques communes de développement. Ces réseaux économiques ou commerciaux peuvent même servir de base à des coopérations d’ordre plus politique, voire géopolitique dans certains ensembles insulaires longtemps marqués par des fragmentations héritées de la période coloniale. S’appuyant dans certains cas sur l’usage de technologies innovantes, la mise en réseau des îles prend ainsi des formes de plus en plus variées : scientifiques, culturelles, artistiques, etc. La finalité reste cependant globalement toujours la même : se rassembler pour échanger et mieux se connaître, partager pour faire valoir des préoccupations similaires et débattre pour élaborer des stratégies communes. La connaissance fine de ces réseaux permet de comprendre les îles d’aujourd’hui, d’analyser les nouvelles dynamiques géopolitiques et économiques et de s’interroger sur leur potentiel de créativité et les limites de leurs actions.
L'île a toujours été dotée d'une grande puissance imaginaire et dramaturgique. Les populations insulaires sont à l’origine de créations particulières qui tirent une bonne part de leur singularité de leur situation géographique et géophysique. Mais les artistes et écrivains îliens aujourd’hui reconnus, ont le plus souvent quitté leur île natale pour s’en faire les portevoix dans les grandes métropoles du monde. En sens inverse, nombreux sont ceux qui depuis le XIXe siècle ont cru accomplir le projet novateur de la modernité en trouvant dans ces lieux, des espaces de ressourcement et d’inspiration. Les conséquences ne sont pas mineures pour certaines îles qui fondent leur image sur la réputation d’artistes voire de communautés d’artistes. L'analyse des créations artistiques et littéraires vise aussi à mieux comprendre comment l'espace insulaire est lieu de tension entre soi et l'autre, isolement et mise en relation.
En parallèle, les îles sont aussi un sujet médiatique majeur : le nombre d’articles journalistiques et de reportages télévisuels qui leur sont consacrés est très impressionnant, touchant certaines îles plus que d’autres. En quoi les îles peuvent-elles jouer un rôle dans la construction de l'image des régions dans lesquelles elles s'insèrent et au-delà servir des intérêts ou des stratégies continentales ?Enfin, du fait de la relative simplification des systèmes insulaires, les îles constituent des outils, voire des modèles de médiation scientifique qui peuvent trouver de multiples expressions, notamment dans le domaine pédagogique. L’objectif de cette thématique sera de s’interroger sur les retombées liées à ces différentes représentations, d’en mesurer les effets sur les communautés îliennes et continentales dans une dimension sociale et anthropologique, enfin de voir en quoi ces images produites influencent directement celles des îles.
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